Collectif pour l'arrêt
du déploiement de la 5G
Collectif pour l'arrêt
du déploiement de la 5G
Bonjour,
L’information et les études à propos de l’impact sanitaire des champs électromagnétiques artificiels étant pléthoriques, quelques documents de base essentiels ont été regroupés dans la rubrique www.electrosmog.be/essentiel, en trois parties : 5G, Effets biologiques et sanitaires des CEM artificiels et Comment se protéger.
Ci-dessous vous trouverez :
- Le communiqué du jour au sujet d’une étude selon laquelle les téléphones portables ne sont pas liés au cancer du cerveau et qui vient de faire l’objet d’une campagne de presse mondiale.
- Des informations à propos d’un article scientifique, la synthèse de sept études de cas sur le syndrome des micro-ondes associé à la présence d’antennes 5G.
- L’agenda.
Science asservie : « Les téléphones portables ne sont pas liés au cancer du cerveau » (communiqué)retour au sommaire
En ce début de mois de septembre, de très nombreux médias en Belgique et partout dans le monde ont fait état d’une étude commanditée par le projet CEM (champs électromagnétiques) de l’OMS[I] selon laquelle « il n’y a pas de lien entre l’utilisation des téléphones portables et le cancer » (Le Soir du 9 septembre), ou encore « l’utilisation du téléphone portable n’augmente pas les risques de cancer du cerveau » (Euronews, le 4 septembre). De l’autre côté de la Manche, on n’est pas en reste : « Les téléphones portables ne sont pas liés au cancer du cerveau, selon la plus grande étude réalisée à ce jour » (The Guardian, le 4 septembre) et de même, aux antipodes, le très populaire Sydney Morning Herald, annonce que la science s’est prononcée avec certitude : « Non, votre téléphone portable ne vous donne pas le cancer du cerveau » (le 4 septembre). Le coup d’envoi de ce qu’il faut bien considérer comme une campagne de presse soigneusement orchestrée a été donné par l’auteur principal de l’étude, Ken Karipidis, avec la publication d’un résumé de l’étude placé le 3 septembre sur le site d’information en ligne multilingue The Conversation[II] et titré : « Les téléphones portables ne sont pas liés au cancer du cerveau, selon une analyse approfondie de 28 années de recherche ».
Cependant, il existe d’autres études dont les conclusions sont beaucoup plus inquiétantes ; aucune d’entre elles ne semble avoir été mentionnée par les médias concernés, y compris les trois suivantes :
- Dans une méta-étude réalisée en 2020 et portant sur 46 études de cas-témoins, Joel M. Moskowitz, un directeur de l’École de santé publique de l’université de Californie à Berkeley, et ses collègues chercheurs coréens, ont « trouvé des preuves significatives liant l’utilisation du téléphone cellulaire à un risque accru de tumeur, en particulier chez les utilisateurs de téléphone cellulaire ayant cumulé 1000 heures ou plus d’utilisation au cours de leur vie (ce qui correspond à environ 17 minutes par jour sur 10 ans)».[III]
- De 1999 à 2018, toujours aux États-Unis, le National Toxicology Program (NTP) a mené une étude qui a coûté 30 millions de dollars et qui démontre clairement l’existence d’un lien de causalité entre le cancer et l’exposition aux signaux des téléphones mobiles : les rayonnements des téléphones 2G et 3G provoquaient des cancers des cellules de Schwann du cœur et des gliomes cérébraux[IV] chez les rats, des lésions de l’ADN dans les cellules cérébrales et une réduction du poids à la naissance.[V]
- En 2018, l’Institut Ramazzini a publié une étude dans laquelle 2448 rats ont été exposés à vie afin d’évaluer les effets cancérogènes des champs électromagnétiques de radiofréquence (CEM-RF) équivalents à l’exposition usuelle aux antennes GSM à 1,8 GHz. Conclusion principale : une augmentation de l’incidence des tumeurs cérébrales et cardiaques chez les rats exposés, en fait des tumeurs similaires à celles de l’étude du National Toxicology Program.[VI]
Pour démêler le vrai du faux, il est clairement nécessaire de s’intéresser aux auteurs de ces études. La qualité des trois études ci-dessus n’est pas en cause et il est impossible de trouver quoi que ce soit à redire sur leurs auteurs en ceci qu’ils n’ont pas de conflits d’intérêts et présentent des profils de chercheurs exemplaires.
Par contre, il y aurait plus à redire sur Ken Karipidis et ses coauteurs qui ont des liens étroits avec l’ICNIRP[VII] (International Commission on Non-Ionizing Radiation), la Commission internationale sur la protection des radiations non ionisantes, une institution de droit allemand qui fonctionne comme un club privé et établit des recommandations en matière de protection des CEM. Celles-ci sont adoptées telles quelles ou à peu près par l’OMS, l’UE, tous les pays européens et d’autres, à la plus grande satisfaction de l’industrie des télécommunications sans fil.[VIII] En effet, le credo de l’ICNIRP est que toute atteinte à la santé par les CEM ne peut résulter que d’un effet thermique. En conséquence, les seuils de protection ne sont établis que pour limiter l’échauffement des tissus, sans prendre en considération tout autre effet (non thermique), ce qui va pourtant à l’encontre des résultats de la recherche menée depuis plus de 50 ans, mais aussi tout simplement du bon sens : est-il raisonnable de penser qu’il est sans danger de saturer notre environnement de CEM-RF artificiels qui sont des milliards de fois plus intenses[IX] que les CEM-RF naturels ?
À l’origine de la création de l’ICNIRP et du projet CEM de l’OMS dans les années 1990, on retrouve les mêmes personnes, à commencer par Michael Repacholi, un scientifique australien. Les critiques à l’égard de ces deux entités ne datent pas d’aujourd’hui, comme en témoignent les quelques enquêtes collectées ici : electrosmog.be/#ICNIRP. Trois exemples parmi d’autres :
- « Or les détracteurs de M. Repacholi lui reprochent d’avoir systématiquement évacué ou minimisé les études “dérangeantes” pour l’industrie, impliqué celle-ci dans le processus de décision, écarté des scientifiques de renom des groupes d’experts réunis par ses soins à l’OMS, mais aussi d’avoir été très timoré dans ses recommandations de santé publique et d’avoir fait financer “son” projet CEM en grande partie par les industriels de la téléphonie mobile. En caricaturant à peine, l’homme est accusé, ni plus ni moins, d’avoir pédalé pendant dix ans pour l’industrie» (David Leloup, janvier 2007).
- Plus récemment, un groupe de journalistes européens a enquêté sur l’ICNIRP elle-même : « Des scientifiques tirent la sonnette d’alarme quant aux risques pour la santé causés par les rayonnements de la technologie mobile. Sans fondement, assurent la plupart des autorités chargées de la sécurité des rayonnements. Celles-ci prennent l’avis d’un petit cercle d’initiés [l’ICNIRP] qui rejettent les recherches alarmantes et fixent les limites de sécurité» (Investigate Europe, janvier 2019).
- Et cet extrait d’un rapport accablant, rédigé par deux députés européens : « Pour un avis scientifique réellement indépendant, nous ne pouvons pas et nous ne devons pas nous fier à l’ICNIRP. La Commission européenne et les gouvernements nationaux de pays comme l’Allemagne devraient cesser de financer l’ICNIRP» (Klaus Buchner et Michèle Rivasi, 2020).
Ken Karipidis ne recule pas devant le mensonge pour maintenir le public dans l’ignorance. Ainsi il nie l’augmentation des tumeurs cérébrales : « Même si l’utilisation des téléphones portables a explosé, les taux de tumeurs cérébrales sont restés stables »[X]. Il emboite ainsi le pas à Eric van Rongen, le vice-président de l’ICNIRP quelques années auparavant, qui déclarait au micro de Benoit Feyt, journaliste à la RTBF : « Nous n’observons d’ailleurs aucune augmentation du nombre de cancers depuis que la téléphonie mobile existe »[XI]. Plusieurs études montrent le contraire, et ce pour différents types de tumeur, comme le signale l’Agence française de santé publique en 2019 : « Entre 1990 et 2018, multiplication par 4 et plus du glioblastome », une tumeur du cerveau très agressive.[XII]
Karipidis fait donc partie de ces scientifiques corrompus par les firmes industrielles, et peut être rangé parmi ces mercenaires prêts à tout pour alimenter la fabrique du doute et de l’ignorance, pour satisfaire leurs maîtres et gagner leurs faveurs. Il n’en est pas à son coup d’essai : fin 2018, Karipidis avait déjà publié une étude à propos de l’incidence des tumeurs cérébrales en Australie liées à l’utilisation du téléphone mobile, cosignée notamment avec Rodney J. Croft qui, à l’époque, était le président de l’ICNIRP.[XIII] Dans cette étude, Karipidis n’avait pas hésité à exclure de ses statistiques les Australiens âgés de plus de 59 ans, soit évidemment la tranche de la population la plus atteinte par les tumeurs cérébrales. Dans ces conditions, l’étude ne pouvait conclure qu’à l’absence de risques, ce qui a permis à l’ARPANSA de titrer un communiqué de presse comme suit : « Une nouvelle étude australienne ne trouve aucun lien entre l’utilisation des téléphones portables et les cancers du cerveau ».[XIV] Ce fait d’armes a valu à Karipidis d’être nommé commissaire de l’ICNIRP quelques mois plus tard.
Avec cette nouvelle « étude » réalisée à la demande de l’OMS qui savait ce qu’elle faisait en s’adressant à Ken Karipidis, c’est-à-dire à l’ICNIRP, on assiste à une nième tentative de clore le débat sur les effets délétères des radiations électromagnétiques de la téléphonie mobile : pas question de laisser entrevoir ces radiations pour ce qu’elles sont, une des pollutions industrielles emblématiques et désastreuses, aux côtés de l’amiante, du tabac, de la radioactivité, du plomb, des pesticides et des plastiques.
Lectures complémentaires :
- À propos de l’étude de l’OMS, en anglais :
- Old Wine in New Bottles
Decoding New WHO–ICNIRP Cancer Review. Game Over? Likely Not.
Louis Slesin (Microwave News).- Biased WHO-commissioned review claims no cancer link to cellphone use
Joel M. Moskowitz, Ph.D.- La science asservie. Santé publique : les collusions mortifères entre industriels et chercheurs. Annie Thebaud-Mony. La Découverte, 2014, 224 pages.
Annie Thébaud-Mony est sociologue, directrice de recherches honoraire à l’Inserm.___
[I] The effect of exposure to radiofrequency fields on cancer risk in the general and working population: A systematic review of human observational studies. Ken Karipidis et autres. Août 2024, doi.org/10.1016/j.envint.2024.108983. Contrairement à ce que laisse entendre son titre, il s’agit d’une méta-étude pour laquelle les auteurs ont sélectionné 63 études publiées entre 1994 et 2022, parmi plus de 5000, pour « les inclure dans l’analyse finale ».[II] theconversation.com/mobile-phones-are-not-linked-to-brain-cancer-according-to-a-major-review-of-28-years-of-research-237882
[III] Cellular Phone Use and Risk of Tumors: Systematic Review and Meta-Analysis. doi.org/10.3390/ijerph17218079
[IV] Le gliome est un type de tumeur bénigne ou maligne qui se développe dans les cellules gliales du cerveau ou de la moelle épinière.
[V] Le NTP est un programme du ministère étasunien de la Santé. L’« Étude NTP » : ntp.niehs.nih.gov/whatwestudy/topics/cellphones
[VI] www.ramazzini.org. L’étude : sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0013935118300367
[VII] Ken Karipidis est le vice-président de l’ICNIRP. Le 2e auteur, Dan Baaken, est le secrétaire scientifique de l’ICNIRP. Tous deux sont membres du CA de l’ICNIRP et travaillent pour l’industrie nucléaire. En effet, Karipidis est directeur adjoint de l’Agence australienne de sûreté nucléaire (ARPANSA) et Dan Baaken de l’Office allemand de radioprotection (BfS), le principal sponsor de l’ICNIRP. Martin Röösli, un autre des 11 auteurs de l’étude, a été membre de l’ICNIRP pendant 8 ans. Maria Feychting a été membre et vice-présidente, ce qui l’a occupée pendant 20 ans à l’ICNIRP ; elle n’est pas une des auteurs de l’étude, mais est coauteure du protocole de l’étude publié préalablement (doi.org/10.1016/j.envint.2021.106828. Le résumé de l’étude a été rédigé par Ken Karipidis et Sarah Loughran qui elle aussi a travaillé pour l’ICNIRP, comme conseillère scientifique.
[VIII] Voir les limites de protection des CEM : electrosmog.be/limites-de-protection
[IX] Voir l’évolution de la pollution électromagnétique par les CEM-RF : electrosmog.be/evolution-CEM-RF
[X] Cité par TFIINFO le 4 septembre 2024 dans cet article : « Le téléphone portable n’augmente pas le risque de cancer du cerveau, affirme la plus grande étude réalisée jusqu’ici ». tf1info.fr/sante/oms-sante-le-telephone-portable-n-augmente-pas-le-risque-de-cancer-du-cerveau-affirme-la-plus-grande-etude-realisee-jusqu-ici-2317901.html
[XI] 5G, tous des cobayes ? Par Benoît Feyt, 2020, 37 minutes. auvio.rtbf.be/media/investigation-investigation-3078931
[XII] Estimations nationales de l’incidence et de la mortalité par cancer en France métropolitaine entre 1990 et 2018, page 316. santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/cancers/cancer-du-sein/documents/rapport-synthese/estimations-nationales-de-l-incidence-et-de-la-mortalite-par-cancer-en-france-metropolitaine-entre-1990-et-2018-volume-1-tumeurs-solides-etud
[XIII] Mobile phone use and incidence of brain tumour histological types, grading or anatomical location: a population-based ecological study. Ken Karipidis et autres.bmjopen.bmj.com/content/8/12/e024489
[XIV] Le communiqué de l’ARPANSA : New Australian study finds no link between mobile phone use and brain cancers.
5G : synthèse de sept études de casretour au sommaire
On savait déjà qu’il ne fait pas bon vivre à proximité d’antennes-relais de téléphonie mobile mais avec les antennes 5G la question a pris une tout autre ampleur.
Entre janvier 2023 et février 2024, huit études de cas ont été publiées qui montrent toutes que des personnes en bonne santé ont développé des symptômes graves après la mise en service d’une antenne 5G (bande de 3,5 GHz) à proximité de leur lieu d’habitation ou de travail, mais que ces symptômes disparaissaient pour la plupart, plus ou moins rapidement, lorsqu’elles allaient habiter ou travailler ailleurs. Ces symptômes sont ceux du syndrome des micro-ondes, aussi appelé maladie des micro-ondes, une maladie identifiée dès les années 1960 par des chercheurs des pays de l’Europe de l’Est : maux de tête, troubles de l’équilibre, difficultés de concentration, confusion, fatigue, insomnie, arythmie, brûlures cutanées, saignements de nez, douleurs articulaires et musculaires, dyspnée, etc.
Le niveau d’exposition était non thermique, c’est-à-dire inférieur aux recommandations de la Commission internationale des rayonnements non ionisants (ICNIRP). Ces études ont été réalisées en Suède par Lennart Hardell de la Fondation pour l’environnement et la recherche sur le cancer et Mona Nilsson de la Fondation suédoise pour la radioprotection. Lennart Hardell est un oncologue et un épidémiologiste à la renommée internationale, l’auteur de plus de 400 études revues par des pairs et a reçu plusieurs prix scientifiques pour ses recherches (voir son CV et une liste de ses publications : electrosmog.be/Hardell).
- La synthèse des 7 premières études par les auteurs : la traduction en français et l’original en anglais (Summary of seven Swedish case reports on the microwave syndrome associated with 5G radiofrequency radiation. Lennart Hardell and Mona Nilsson. June 2024).
- Le résumé de la synthèse (en français, PDF, 1 page A4).
Plus d’information : www.electrosmog.be/#EtudesCas5G
Agendaretour au sommaire
Quatre exposés du Collectif auront lieu prochainement : le jeudi 26 septembre à Jambes, le jeudi 3 octobre à Watermael-Boitsfort, le mardi 22 octobre à Beaufays (Chaudfontaine) et le samedi 2 novembre à Seraing. Les deux premières sont organisées par Nature & Progrès : l’entrée est libre, mais il est nécessaire de s’inscrire.
Plus d’information : www.stop5g.be/fr/#agenda
Bien cordialement,
Pour le comité de coordination du Collectif stop5G.be,
Francis Leboutte
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Les archives de la lettre : stop5g.be/fr/lettre
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